Emmanuel Carrère - d'autres vies que la mienne
Lorsqu'il y a quelques mois j'avais ouvert le dernier livre d'Emmanuel Carrère "le royaume", je n'avais pas pu le terminer, alors que le sujet m'intéressait beaucoup, tant le narcissisme d'Emmanuel Carrère m'irritait.
C'est donc avec un peu de réticence que j'ai commencé la lecture du livre "d'autres vies que la mienne" qui était un cadeau de ma fille.
D’autres vies que la mienne, ce sont celles de Philippe, Jérôme et Delphine grand-père et parents de Juliette emportée, au Sri Lanka en décembre 2004, par l’énorme vague du tsunami.
C’est aussi celle d’une autre Juliette, la belle-soeur d’Emmanuel Carrère, morte d’un cancer en 2005, celles de Patrice, le mari de Juliette, de Diane, Clara et Emilie, leurs filles…
« Toi qui es écrivain, tu vas écrire un livre sur tout ça ?… Tu devrais. Moi, si je savais écrire, je le ferais » avait dit Philippe à Emmanuel Carrère.
Malgré quelques réticences à parler des autres, le narcissique Emmanuel Carrère entreprend de relater la vie de ces personnes meurtries par le deuil, la maladie, le handicap qui ont croisé son chemin et, simultanément, il s'interroge sur le manque d'ouverture aux autres qui a été sien jusque là et qui va être balayé pour laisser place à une sérénité inédite car cette longue incursion dans d'autres vies que la sienne va donner naissance à sa capacité inattendue au bonheur.
Et il découvre que ces vies le constituent parce que l'homme est fait de ces relations aux autres.
Je n'aimais pas qu'Emmanuel Carrère ait toujours besoin de parler de lui, de ramener tout à lui. Mais dans d'autres vies que la mienne, un évènement qui a bouleversé la vie de milliers de personnes, le tsunami, indirectement, a changé la vie de l'auteur. Parler des autres lui a permis d'appréhender l'importance de choses qui lui semblaient auparavant anodines, l'indispensable lien aux autres qui nous construit, la sérénité possible...
J'ai aimé le sujet, l'écriture, les sentiments... C'est un livre plein d'humanité.