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par delà la surface lisse des choses
15 mai 2020

le pays des autres - Leila Slimani

Capture d’écran 2020-05-15 à 14

 

Après deux premiers romans acides et dérangeants (« dans le jardin de l’ogre »* et « chanson douce »**) Leila Slimani nous offre avec « le pays des autres » une oeuvre au style totalement différent.

Ce premier tome de la trilogie d'une saga familiale couvre les années 1946-1956 et s’inspire de l’histoire de ses grands-parents. 

 

Après la libération, Mathilde, jeune Alsacienne, quitte son pays pour suivre au Maroc Amine Belhaj, Marocain combattant de l’armée française dont elle s’est éprise et ils vont s’installer sur les terres arides, isolées et rocailleuses dont il a hérité.

Mathilde rêvait d'exotisme et d’aventures à la Karen Blixen mais elle se heurte très vite  à la culture rigoriste du Maroc, à un mari qui s’épuise au travail et s’assombrit, à la solitude de la ferme, à la méfiance qu’elle inspire en tant qu’étrangère, au manque d’argent… sans pour autant renoncer à son émancipation dans cette vie dure, plate et morne.

 

Les relations entre les colons et les indigènes sont très tendues et Amine lui-même est pris entre deux feux : méprisé par les Français parce qu’il est Marocain, il est assimilé à un colon par les autochtones puisqu’il est marié à une Française et qu’il emploie des ouvriers marocains dans sa ferme.

Mais l’amour et la sensualité lie ces deux personnages et ils ont deux enfants : Aïcha, petite fille attachante, brillante et sauvage et un garçon, Selim.

Alors qu'Amine commence enfin à récolter les fruits de son travail harassant, des émeutes éclatent, les plantations sont incendiées et le roman se clôt sur des scènes de violence inaugurant l'accès du pays à l'indépendance en 1956.

Tous les personnages de ce roman vivent dans le pays des autres ; les colons comme les indigènes, et les femmes surtout qui vivent dans le pays des hommes et doivent se soumettre ou lutter avec détermination pour s’émanciper. Et Leila Slimani les rend tous attachants car elle nous les présente sans jugement et sans sectarisme. Mathilde et Amine, bien sûr mais aussi Aïcha la petite fille, Mouilala la grand-mère traditionnelle, Selma, la petite soeur d'Amine qui rêve de liberté et déborde de sensualité, Omar le révolutionnaire...

Leila Slimani se révèle une grande conteuse dans ce roman captivant et sans manichéisme et elle nous immerge dans un univers empreint d'amour et d'humanité mais aussi d'intolérance et d'incompréhension.

A quand le deuxième tome ?

 

http://chicha.over-blog.net/2016/09/dans-le-jardin-de-l-ogre-leila-slimani.html

** http://chicha.over-blog.net/2016/09/chanson-douce-leila-slimani.html

 

 

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