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par delà la surface lisse des choses
11 octobre 2020

Un barrage contre le Pacifique - Marguerite Duras

Capture d’écran 2020-10-11 à 15

Pour écrire « Un barrage contre le Pacifique » Marguerite Duras s’est largement inspirée de sa propre adolescence qu'elle a passée en Indochine française.

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Après avoir travaillé pendant plusieurs années comme pianiste dans un cinéma, la mère (elle semble avoir perdu jusqu’à son prénom) parvient à acheter une concession avec ses économies. Mais comme elle n’a pas versé de pot-de-vin, les fonctionnaires du cadastre lui attribuent une parcelle incultivable. Elle vit donc misérablement dans une plaine marécageuse du Sud de l’Indochine avec ses deux enfants : Joseph (20 ans) et Suzanne (16 ans) et, pour protéger ses terres, elle construit des barrages que le Pacifique et les crabes s’obstinent à détruire inexorablement, chaque année. Elle refuse l’inéluctable et résiste d’une manière qui semble absurde car elle y perd peu à peu la santé et l’équilibre psychique.

Lorsqu’elle rencontre Monsieur Jo, jeune et riche planteur, elle retrouve l’espoir de sortir de la misère. Mr Jo est fasciné par la jeune Suzanne, et peu importe s’il est très laid,  il porte au doigt un magnifique diamant qui présage d’une grande richesse . La mère oeuvre donc pour qu’il demande sa fille en mariage et elle initie Suzanne au rôle de femme-appât.

Mais lorsque Mr Jo offre à Suzanne un diamant qu’il dit de grande valeur, elle garde la pierre précieuse et l’éconduit.

Le diamant s’avèrera plus difficile à vendre que la mère l’avait espéré car il est vicié d’un « crapaud ».

 

Au-delà de l’histoire elle-même « Un barrage contre le Pacifique », publié en 1950, en pleine guerre d’Indochine, est un témoignage sur la vie dans une colonie française, un réquisitoire contre le racisme et le colonialisme.

On y croise la bourgeoisie coloniale - les Blancs qui se découvrent plus blancs que jamais et dont la fortune est fondée sur l’exploitation d’autrui et la corruption -, l’administration totalement corrompue par les pots-de-vin,  les petits Blancs qui vivent pauvrement et les indigènes qui vivent dans une misère extrême, dans un travail forcé brutal, dans la faim, la prostitution, les maladies, la forte mortalité infantile que les colons ne cherchent même pas à enrayer car toute colonisation se fonde sur la dépossession des terres, de la langue, de la culture. 

« Un barrage contre le Pacifique » est un livre fort, poignant, très beau, noir mais la dernière lettre que la mère envoie au Cadastre sonne comme un manifeste anticolonial et l’appel à la révolte de Joseph lorsqu’il quitte la concession en donnant les armes aux paysans laisse entrevoir la fin de la décolonisation.

 

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