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par delà la surface lisse des choses
19 septembre 2016

dans le jardin de l'ogre - Leïla Slimani

Capture d’écran 2016-09-19 à 08

 

"Chanson douce", que je viens de terminer, m'avait surprise et avait suscité le désir de lire le premier des deux romans  de Leïla Slimani "Le jardin de l'ogre". J'y ai retrouvé l'univers étrange de cette auteure et son style percutant.

 

A priori, l'héroïne Adèle,  a tout d’une jeune bourgeoise à la vie aisée et sans soucis. Journaliste de la presse écrite, femme d’un chirurgien reconnu, mère d’un petit garçon, Lucien, elle habite Paris, dans « le beau XVIIIè » 

Les jardins de l’ogre raconte la double vie de cette jeune femme. Pour son mari, ses amis, ses collègues rien ne la distingue des autres jeunes bourgeoises. Mais en fait, Adèle est une femme malade, perdue : elle est sexuellement compulsive. Son corps est pour elle un tyran. Insatiable, elle multiplie depuis longtemps les amants, incapable de résister à ses pulsions même si cela la plonge dans la détresse. Elle trompe son monde en permanence et court inéluctablement à sa chute.  Son besoin irrépressible d’amants - n’importe où, n’importe quand, avec n’importe qui - entraîne mensonges et dissimulation, crainte permanente que Richard découvre la vérité. Richard qu'elle aime tout en lui en voulant de « sa naïveté qui la persécute, qui alourdit sa faute et la rend plus méprisable encore ». Elle sait qu'elle court à sa perte.

Il y a dans ce roman quelques passages crus mais Leïla Slimane ne tombe jamais dans le piège de la vulgarité, du pronographique ou même de l'érotisme. Elle dépeint sans jugement, sans voyeurisme malsain la descente douloureuse d'une femme pathétique ; elle décrit de manière presque clinique une addiction sexuelle mortifère, incontrôlable et désespérante.

La narration de Leïla Slimani est glaçante et sans affect et dans cet examen clinique de la nymphomanie, la chair est sordide et la douleur est partour dans ce roman.

 

Etrange Leïla Slimani... Son style est concis, percutant, ses mots claquent et elle parle de ses personnages comme si elle faisait un travail d'entomologiste.

Les héroïnes de cette ravissante jeune femme - qu'il s'agisse de Louise dans Chanson douce ou d'Adèle dans Le jardin de l'ogre -  sont des personnes qui nous apparaissent déroutantes, névrosées, inquiétantes...  Elles tendent à nous dire que l'on ne connaît jamais l'Autre, même lorsque l'on vit ensemble. Et lorsque ce "quelque chose" relève de la monstruosité notre raison est totalement incapable de le percevoir. 

 

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