L'amant - Marguerite Duras
Prix Goncourt lors de sa parution en 1984 et prix Ritz-Paris-Hemingway du meilleur roman publié en anglais en 1986, « L’Amant » est un essai qui mélange autobiographie et fiction et qui a connu rapidement un très grand succès puisqu’il a été traduit dans une trentaine de langues et s'est vendu à plus de 2 500 000 exemplaires.
« Des années après la guerre… il avait téléphoné. Dès la voix, elle l’avait reconnu. C’est moi. Je voulais seulement entendre votre voix… Il avait dit que pour lui, c’était curieux à ce point-là, que leur histoire était restée comme elle était avant, qu’il l’aimait encore, qu’il ne pourrait jamais de toute sa vie cesser de l’aimer, qu’il l’aimerait jusqu’à sa mort »
Ainsi, c’est des années plus tard que Marguerite Duras décide d’écrire l’histoire d’un amour fou vécu dans son adolescence.
« L’amant » est l’histoire d’un coup de foudre entre une jeune fille de 15 ans et un jeune rentier chinois de douze ans son aîné, dans l’Indochine coloniale des années 30.
Elle est pensionnaire dans un lycée de Saïgon et s’apprête à prendre le bac sur le fleuve Mékong. Sur le débarcadère, un homme fume une cigarette anglaise, s’approche d’elle et lui en offre une…
C’est un coup de foudre qui va balayer la différence d’âges, d’origine ethnique et de classe sociale. Malgré l’opposition de leurs familles et de la société coloniale qui n’accepte pas les relations entre Asiatiques et Européens, ils éprouvent l’un pour l’autre une attirance immédiate qui les entraîne à braver les interdits.
La mère, veuve et ruinée, réprouve cette relation mais on n’éconduit pas un homme riche qui pourrait devenir un soutien financier, même si c'est un Chinois. Mais la jeune fille, indépendante et déterminée, est animée par le désir de diriger seule sa vie et elle n’accepte aucun obstacle.
Le père de l’amant ne peut accepter que son fils épouse une Européenne et il finira par l’obliger à épouser la jeune femme à qui il est promis depuis de très longues années : il n’est pas question de déroger à la tradition qui fait du mariage une alliance entre deux familles de même culture et de même niveau social.
Marguerite Duras nous entraîne dans l'ambiance mystérieuse de l’Indochine coloniale de l’entre-deux guerres avec ces Français qui vivent dans l’opulence et l’ignorance - voire le mépris - des indigènes dans un centre ville aménagé pour eux avec ses tramways, ses grandes avenues… le Mékong fascinant... la vie dans un autre monde...
Dans une atmosphère pleine d’émotions, de sensualité et de nostalgie les phrases de Marguerite Duras jaillissent et dans son style unique elle nous livre ses souvenirs pêle-mêle, témoignage intime et bouleversant qui mêle le récit d’une initiation amoureuse et une fresque de l’Indochine coloniale.
N.B.
Reprochant à Jean-Jacques Annaud, dans son adaptation cinématographique d'avoir sacrifié à l'esthétisme et d'avoir trahi le message qu'elle voulait faire passer, Marguerite Duras a réécrit son auto-fiction, en 1991, en la baptisant "l'amant de la Chine du Nord".